Entretien avec l'Honorable Aimé GOGUE

Samedi 06 mai 2017, le Groupe Montesquieu, a reçu le Professeur Aimé GOGUE, Président de l'Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) et député à l'Assemblée nationale.







Bonjour, Professeur Aimé GOGUE

Bonjour

A.D.D.I est l'un des plus anciens partis politiques du Togo, le trente-unième (31ème) créé, depuis le retour du multipartisme en 1991. Sa création est officiellement constaté par un récépissé du 17 janvier 1992.
Comment se porte A.D.D.I au lendemain de sa vingt-cinquième année ?

A.D.D.I se porte très bien.

 Lors de la dernière élection politique qu'a connu le Togo (présidentielle de 2015), A.D.D.I est, selon les résultats tels que proclamés par la Cour constitutionnelle, à la troisième position derrière UNIR et CAP 2015.
Peut-on considérer A.D.D.I comme étant la troisième force politique du Togo quand on sait que certains partis politiques (le Parti des Togolais, le CAR,...) n'ont pas participé à cette élection?

Difficile de répondre à cette question. Ce que je peux dire c'est que ADDI est représentée à l'Assemblée nationale.
 Nous ne sommes ni le premier ni le second. Ce qui nous importe à l'ADDI c'est d'obtenir l'alternance avec un changement de politique.

Une partie des boycotteurs et leurs exécutants vous accusent d'avoir légitimé Faure GNASSINGBÉ par la participation à cette élection avec un tel fichier électoral.Que leur répondez-vous ?

Que proposent-ils? Ce fichier était-il pire que celui avec lequel ils ont participé aux élections antérieures. En outre c'est avec un fichier probablement pire qu'il y a eu les élections législatives de 2002 qui a mis en place les députés qui avaient toiletté la constitution de 1992. Et c'est ce qui nous pousse à lutter pour les réformes. Enfin ADDI travaille pour une amélioration radicale du fichier: notre action relative à la CNI.

Actuellement, A.D.D.I fait partie du regroupement des six (06) partis politiques estampillé «Groupe des six». Pourquoi un autre regroupement politique ( sa spécificité) au Togo ?

En fait c'est plus un groupe travaillant  sur deux thèmes : réformes et décentralisation.

On constate, Professeur, qu'il y a un autre regroupement politique (CAP 2015) qui parle aussi des réformes et de la décentralisation.Pourquoi ne pas s'associer à eux au lieu de créer un autre regroupement ?

CAP2015 a été une alliance politique. Tout ou parti du Groupe des 6 pourra avoir aussi une alliance politique dans le futur. L'important c'est que ces deux (2) groupes puissent travailler ensemble sur les deux (2) thèmes du Groupe des 6 qui sont également parmi les préoccupations de CAP 2015: sur ce point un travail se fait à cet effet.

Ce regroupement politique n'empêche pas ses partis membres de continuer leurs activités politiques.C'est ainsi que A.D.D.I se distingue ces derniers temps en mettant l'accent sur la nécessité de la carte d'identité.Professeur, qu'en est-il concrètement ?

Bien sûr !Et ce n'est pas l'ADDI seule: vous suivez les démocrates qui sillonnent le pays; le FDR qui mène des activités au Togo et à l'extérieur. ADDI continue son travail de sensibilisation
Pourquoi mettre la Carte d'identité nationale au centre de vos actions politiques ces temps-ci ?

 Ce n'est pas le centre de nos actions. N'oubliez pas que nous avons la proposition de loi portant modification de la constitution, initiative de l'ANC, que ADDI a soutenu et notre proposition de loi portant déclaration du patrimoine; etc.
Pour la CNI, nous voulons que le pays soit prêt pour qu'elle soit utilisée pour la prochaine consultation électorale.

En quoi est-ce que la CNI contribue-t-elle à la transparence d'une élection ?

Soixante-quinze pour cent (75%) des personnes sur le fichier électoral le sont par voie de témoignages! Quelle est la fiabilité de ce fichier ? Or le fichier est le fondement de la crédibilité de l'élection donc de sa transparence. Si la CNI est exigée et délivrée à  tout citoyen en âge de voter vous voyez que cela réduirait les fraudes.
Vous avez déjà fait référence à certaines de vos actions législatives (les deux propositions de lois tantôt citées).
En réalité, depuis avril 2013, vous siégez au sein de l'Assemblée nationale où vous présidez la Commission permanente Santé, Population et Action sociale.
Quel est le rôle de cette commission permanente ?

 Faire les études de fonds des projets/propositions de loi qui lui sont affectés par la Conférence des Présidents de l'Assemblée nationale; donner son avis sur des projets/propositions de loi concernant ce domaine; contrôler l'action gouvernementale dans ce domaine; faire le plaidoyer pour des actions efficaces/pertinentes du Gouvernement dans ce domaine; attirer l'attention du gouvernement sur les problèmes dans ce secteur

«...attirer l'attention du gouvernement sur les problèmes dans ce secteur. »
Professeur, au vu de l'état de nos structures sanitaires, que fait (interpellation, contrôle) la commission que vous présidez ?

Nous avions fait un programme de travail au début de la législature ; malheureusement cela n’avait pas été approuvé par la Président de l'Assemblée Nationale qui a probablement pensé que, présidée par quelqu'un de l'opposition, la Commission allait seulement rendre public les tares de notre système sanitaire. Il s'agissait de visiter des centres de santé, y rencontrer le personnel; étudier les stratégies/actions des ministères concernés (ce que nous avons fait) pour une meilleure efficacité de nos actions. Il est possible que nous puissions le faire maintenant. Nous avons œuvrer pour une augmentation du budget du ministère de la santé. Nous allons travailler sur les coûts des médicaments dans les centres de santé publique. Je discute souvent avec le ministre. J'oubliais de mentionner que dès le début de la législature nous sommes intervenus sur un éclairage du gouvernement sur la disparition de certains fonds quant au programme de moustiquaires imprégnées.

Ne disposez-vous d'aucun moyen pour faire pression sur la Conférence des Présidents et/ou le Président de l'Assemblée nationale afin que vos mesures soient prises en compte ?

Je crois qu’elles seront retenues.

Vous allez doucement mais sûrement vers la fin de la législature !

C'est important mais comme c'est plus ou moins accepté je ne crois pas qu'il soit nécessaire de faire du tapage non productif.

Si le Chef de l'État ou une autre personne ayant autorité vous demandait de faire une proposition, qu'est-ce que vous allez proposer ?

Améliorer le plateau technique des centres de santé. Améliorer la conscience professionnelle du personnel; élever le niveau des CHR et CHU

Un comité national de suivi de la décentralisation a été créé récemment constitué et n'a pas manqué de diviser (ou mieux révéler la division au sein de) l'opposition.
Plusieurs ont eu l'impression que,  encore une fois, l'opposition a laissé la proie pour l'ombre.Qu'en pensez-vous ?

 Il est fort probable que cette commission ne soit pas efficace, en raison de sa structure/composition.

Au niveau sous-régional, ces temps-ci, un groupe de mots revient avec insistance : le franc CFA
Professeur, vous êtes un économiste et pas des moindres (vous avez été entre autres enseignants des Premiers ministres Agbéyomé KODJO et Gilbert HOUNGBO).
De 1976 à nos jours, soit quarante-un (41) ans, vous avez enseigné l'économie en Afrique, en Europe et en Amérique.
Quelle est votre position sur cette question du franc CFA?

Il est évident que nous pourrons avoir notre propre monnaie. Il y a eu des moments où les performances économiques des pays africains de la Zone franc étaient meilleures que celles des pays africains hors Zone franc

En ce qui concerne le F.CFA, je vais me résumer: le plus important, c’est de travailler sur la bonne gouvernance économique, la promotion et consolidation de la démocratie dans nos pays.
 Le 1er octobre prochain, vous aurez septante (70 ans).
Vous êtes, sans nul doute, une des plus grandes bibliothèques ambulantes du Togo.
Quels sont en quelques mots les souvenirs bons et/ou mauvais, personnels ou nationaux que vous voulez bien partager avec la jeunesse ?
 Bon souvenir de la jeunesse dans les années 90. L' apathie des jeunes actuellement vis-à-vis de la chose publique n'est pas une bonne chose.
Votre mot de fin, Professeur

 J'espère avoir répondu à vos questions. Je vous félicite pour votre travail. La situation du pays nous interpelle. La décoration du major Kouloum ne peut pas et ne doit pas nous laisser indifférent et chacun de nous, individuellement ou en groupe, devons dénoncer cet acte. Nous devons prendre connaissance des lettres pastorales des évêques de 2016 et de cette année. Nous devons nous approprier des contenus de ces deux lettres et agir en conséquence.

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