LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES 1

«Ils étaient huit, tous en treillis. Ils m'ont allongé sur le lit. J'avais les mains enflées. Ils m'avaient dit que je finirais par les supplier de me tuer. Mais sur le moment, je voulais vivre, vraiment, à cause de mon enfant... Je ne pouvais pas imaginer que je leur demanderais un jour de me tuer. Mais ce jour-là [...], épuisée, fatiguée, à bout de souffle, je me suis mise à leur demander de m'achever d'une balle.»

 «Ils ont fait sortir K.M., qui a douze ans. Plus de six hommes ont couché avec elle. Elle est restée plus de dix jours avec les Janjawids et les militaires. K., une autre femme a été capturée par les Janjawids, qui ont couché avec elle dehors. Ils ont tous couché avec elle puis ont cassé sa jambe après l'avoir violée. » (Darfour/l'ouest du Soudan)


 «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » Article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme


     Conformément à l'article 1er de la Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes (ONU), les termes «violence à l'égard des femmes » désignent «tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ». 

     Quant au droit pénal togolais (art 232), «constituent des violences à l'égard des femmes, tous actes de violences dirigés contre les personnes de sexe féminin qui leur causent ou peuvent causer un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles, psychologiques ou économiques.


         Les violences à l'égard des femmes en situation de conflits armés ou de troubles internes (PARTIE 1), les violences sur une femme enceinte (PARTIE 2), les violences liées à toutes les formes de mariage forcé (PARTIE 3), des rites inhumains et dégradants de veuvage (PARTIE 4) puis les violences économiques (PARTIE 5) retiendront notre attention.


    PARTIE I : LES VIOLENCES À L'ÉGARD DES FEMMES EN SITUATION DE CONFLITS ARMÉS OU DE TROUBLES INTERNES


     Dès fin 2003 et début 2004, alors que le conflit s'intensifiait dans la région du Darfour, à l'ouest du Soudan, des centaines de viols et des sévices sexuels divers ont été signalés à Amnesty International. Pour servir d'esclaves sexuelles ou de domestiques à leurs ravisseurs, des femmes et des fillettes étaient enlevées.

     Dans la localité de Mornei (Darfour occidental), au moins seize (16) femmes étaient violées chaque jour en se rendant à la rivière. Et pourtant, elles se sentent obligées d'aller chercher de l'eau à la rivière puisque ne voulant pas, en plus de leur dignité, perdre leurs maris qui se feraient tués au cas où ils se chargeaient de cette corvée.


       Malheureusement, loin d'être propre au Darfour (Soudan), les terribles violences, sexuelles et autres dont sont victimes les femmes sont récurrentes dans tous les conflits armés, qu'ils soient internationaux ou internes.

     En Colombie, en République démocratique du Congo, aux îles Salomon- pour ne citer que ceux là- la violence sexuelle, fait partie intégrante du conflit armé et, est le fait de toutes les parties en présence: force de sécurité, groupes paramilitaires soutenus par l'armée et organisations de guérilla.

      Sans nul doute, nous pouvons affirmer que les conflits armés renforcent et exacerbent les comportements discriminatoires et violents à l'égard des femmes ; lesquels comportements existent dans les sociétés même en temps de paix.

    À y voir de près, la violence que subissent les femmes en temps de guerre est la manifestation extrême de la discrimination et des abus dont elles sont victimes en temps de paix, ainsi que des rapports de forces inégaux qui existent entre hommes et femmes dans la plupart des sociétés en dépit de l'existence des textes juridiques internationaux, régionaux et nationaux.

     On pense que les femmes ne jouent, en situation de conflit qu'un rôle secondaire ou accessoire. Pourtant, «la grande majorité de ceux qui subissent les effets préjudiciables des conflits armés, y compris les réfugiés et les déplacés, sont des civils, en particulier des femmes et des enfants, et que les combattants et les éléments armés les prennent de plus en plus souvent pour cible ».(Résolution 1325 adopté par le Conseil de Sécurité)

     La manifestation la plus évidente et la plus brutale de la manière dont les femmes sont victimes des conflits armés est l'usage du viol comme arme de guerre. Femmes, filles et parfois nourrissons sont foudroyées par cette arme (le viol) transbahutée dans les sociétés en conflits armés.

     Ces victimes, au cas où mort ne s'en est pas suivie, sont très souvent abandonnées par leurs maris, leurs familles et même leurs sociétés et font face toutes seules aux dommages à eux causés.

     Si nous pouvons apprécier le foisonnement de textes juridiques pour faire "justice" à ces femmes (l'article 233 du code pénal togolais prévoit une peine maximale de dix ans de réclusion), ne serait-il pas mieux de mutualiser nos efforts pour prévenir ces conflits ?

Devons-nous nous contenter des textes bien rédigés et de beaux discours ?

Devons-nous être directement victimes avant de réagir ?



© Abel KLUSSEY, Juriste.

Commentaires

  1. Merci pour cet article qui nous interpelle tous, un phénomène sur lequel nous observons un silence coupable. Blessings

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  2. Hmmm, les Janjawids, ces montres assoiffés de crimes, ces inhumains à cheval, semant mort et désolation parmi les humains. 😞

    La désolation est grande quand l'espoir (la création du Soudan du Sud, censée mettre fin à ce violent conflit interne) a laissé place à la déception (la guerre civile en cours dans le nouvel État, le Sud Soudan).


    Hmmm, Gloria, emporté par la tristesse, j'ai failli oublier de te dire MERCI pour l’œuvre.

    Bravo!

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