La COMMUNE: quel entendement dans le contexte TOGOLAIS⁉
Personne
morale de droit public, l’État dans son appréhension juridique revêt plusieurs
formes juridiques dont la forme d’État unitaire adoptée par notre pays depuis
son accession à la souveraineté internationale en 1960 ( art.1 de la
constitution).
Pour
favoriser une administration de proximité, l'État unitaire, a développé deux
modalités d'exercice du principe d'unité que sont la déconcentration et surtout
la décentralisation.
Par
déconcentration, on entend la redistribution des pouvoirs entre l'autorité
centrale et son représentant au niveau local. Et les juristes se rappelleront
toujours cette célèbre formule d'Odilon BARROT qui résumait la déconcentration
en de termes plaisants : << c'est le même marteau qui
frappe mais on en a réduit le manche>>. L'autorité de la déconcentration
est le Préfet.
Quant
à la décentralisation, elle s'entend d'une auto-administration. Il s'agit d'un
système permettant à une collectivité humaine de s'administrer librement sous
le contrôle de l'État. Pour Alexis de Tocqueville, il s'agit de la démocratie
au niveau locale. La.décentralisation communale a pour chef de file le Maire.
En
effet, le mouvement de décentralisation amorcée dans la plupart des pays
francophones d'Afrique à l'orée du XIXè siècle n'a pas laissé en marge le Togo
; du moins sur le plan théorique. Car notre pays s'est inscrit sur la
voix de la décentralisation au travers de la loi de juillet 2007 portant
organisation décentralisées des collectivités territoriales au Togo.
Après
dix années laissée en léthargie (juillet 2007 à juin 2017), celle-ci semble
retrouver le réveil d'une mise en application imminente. En témoigne à juste
titre l'intensité des débats à l'Assemblée nationale, d'où une fumée blanche ou
noire suivant les tendances était sortie. La loi portant création des communes
au Togo balisant ainsi la chemin pour une décentralisation tant attendue était
votée. Suite à cette annonce, un seul mot revient en boucle : la commune.
Qu'est
ce qu'une commune ? Quel est son rôle ? Quelles sont ses ressources
? Devenons-nous craindre ou plutôt nous réjouir du nombre de communes
ainsi créées au Togo par la loi du 23 juin dernier ?
Autant
d'interrogation qui ne laissent indifférent autant l'observateur, le citoyen
que le politique. Dès lors, répondre à ces inquiétudes nous pousse, sans perdre
de vue l'analyse des défis qu'une telle création suscite (II), à nous pencher
d'abord sur le rôle d'une commune en démocratie (I).
I- La commune en démocratie, quelle importance ?
La
commune exerce plusieurs responsabilités qui vont de celles locales (A) à la
représentation de l'État (B)
A) Les responsabilités locales de la commune.
Véritable
maillon du développement local, la commune est une collectivité territoriale de
base gérée selon un régime juridique uniforme aux autres communes, par un
conseil municipal et un maire. Elle est chargée de piloter directement son
développement en mettant sur pied des plans locaux d'urbanisme. Elle fournit
des services de proximité : éclairage, voirie, eau potable, enseignement.
Elle sera aussi garante de l'économie locale par la délivrance d'autorisation
d'implantation d'entreprises. Elle assure l'aide sociale, l'épanouissement
sportif par des aires de jeux ainsi que l'épanouissement culturel. Elle délivre
les autorisations relatives au actes d'urbanisme telles les permis de
construire, de démolir...etc. Cette responsabilité locale se dédouble de sa
fonction de représentant de la puissance étatique.
B) La commune, représentante de l'État.
Dans
une commune, certaines formalités administratives sont laissées à la compétence
des autorités locales.
A
cet effet, la commune a pour tâche la délivrance des actes d'état civil tels
les actes de naissances, le mariage, l'établissement de carte d'identité. Elle
peut également procéder aux opérations de recensement de la population locale.
Elle exerce aussi sa compétence en matière électorale en organisant des
élections communales.
Ces
diverses tâches susmentionnées qui ne sont que la partie émergée de l'iceberg
dénote du défis que pourra posera la gestion future de nos communes
nouvellement créées par la loi du 23 juin 2017.
II- Les défis
Ceux-ci
peuvent être d'ordre budgétaire (A) ou administratifs (B)
A) Les défis budgétaires.
116
communes, c'est le nombre arrêté et voté par l'assemblée nationale.
Ce
chiffre pour notre pays pourraient engendrer des difficultés budgétaires pour
certaines communes.
En
effet, parler de budget c'est faire un clin d’œil à la finance locale. Or, s'il
est avéré que le développement local doit obligatoirement passer par une
mobilisation des fonds au niveau local, la taille de certaines communes ainsi
que leurs activités économiques pourraient être un frein à ce
développement.
Aussi
devrions-nous le mentionner, les recettes d'une commune proviennent des impôts locaux,
les revenus divers provenant de la vente de certains services municipaux
payants (repas de cantine, droit d'inscription....etc), les emprunts ( possible
en France mais à rechercher s'agissant su Togo) et les dotations de l'État.
Ainsi certaines communes à très faibles activités économiques risqueraient de
ne vivre que des dotations de l'État remettant en cause l'objectif même de la
décentralisation : l'autonomie administrative et de gestion.
Sur
un autre plan, ces communes risqueraient de gérer des budgets annuels en deçà
de quinze millions de F CFA (15 millions F CFA) leur rendant impossible de
passer des marchés par appel d'offre. Il s'en suivra un morcellement généralisé
de la commande publique rendant inefficace l'achat public ainsi que la gestion
des deniers publics (transparence douteuse). Mais tel ne sera pas le seul
défis. Il faut compter également ceux administratifs.
B) Les défis administratifs.
Au
plan administratif, la complexité des tâches à effectuer exige que les futures
autorités locales soient dotées de nouvelles connaissances en matières de
décentralisation afin d'éviter les éventuels conflits.
Les
conflits peuvent opposer d'une part le Maire au Préfet, mais aussi le Maire aux
chefs traditionnels. Dans le premier cas, le problème de l'effectivité des
juridictions administratives s'imposent afin de trancher de tels litiges.
Les
difficultés administratives s'articuleront aussi autour de la compétence de
l'ensemble des autorités locales.
Bien
que des formations spontanées ici et là soient données en ce sens, la présence
de personnels qualifiés s'imposent. On pourra à cet effet féliciter la mise en
place d'une licence en gestion des collectivités territoriales ouvertes
récemment au niveau septentrional du pays à Pya, sous subvention de l'Union
Européenne. Les élus locaux qui auront à piloter des projets de développement
devront inéluctablement s'entourer des experts en passation des marchés publics
ainsi que les gestionnaires de projets. Sinon maîtriser eux-mêmes les rouages
de tels systèmes.
Dans
un environnement marqué par une forte mondialisation, même une commune aussi
reculée soit-elle n'aura à se plaindre si ses dirigeants détiennent l'arme de
la connaissance. Et cette connaissance, c'est maîtriser les notions phares de
convention d'aide au développement. Ces outils d'établissement de projets
transfrontaliers met au prise non pas les États mais les collectivités
territoriales. Ainsi la commune de Kande1 pourra nouer avec celle de d'Assesse
en Belgique dans divers domaine notamment l'assainissement, l'eau potable et
plus encore. A y voir, nos dirigeants communaux devront être ceux maîtrisant
les NTIC pour pouvoir dénicher l'or et le diamant qu'offre de telles
conventions.
Bref,
révolus dirions-nous, les temps où il faut tisser la nouvelle corde au bout de
l'ancienne, car cette dernière risque de se couper plus tôt, seule la mise
en place de nouvelles cordes à tous les échelons devra s'imposer. Car loin de
nous l'idée de remettre en cause quoi que ce soit, nous prônons seulement, et ce
pour le plus grand bonheur du PEUPLE TOGOLAIS que la gestion communale
doit porter au firmament de ses attentes, des personnes au sang neuf et bien
formées. Décentralisation d'accord mais compétence d'abord.
©
Florent GNANLE, Master en passation des marchés publics, délégations de service
public, partenariat public privé.
Réflexion interessante sur l'actuel processus de décentralisation au Togo. Félicitation !
RépondreSupprimerTrès belle analyse, félicitations
RépondreSupprimer"...des personnes au sang neuf et biens formées", c'est le sel du Togo. Espérons que cette belle réflexion touche plus d'un... Merci
RépondreSupprimer"...des personnes au sang neuf et biens formées", c'est le sel du Togo. Espérons que cette belle réflexion touche plus d'un... Merci
RépondreSupprimerJe vous tire chapeau... Je brûle d'amour pour vous très chers membres du groupe Montesquieu.
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