LE FAIR-PLAY FINANCIER , FINALEMENT UN TIGRE DE PAPIER ?























C'est presque officiel , Neymar sera bientôt joueur du Club de la
Capitale de France , le Paris Saint Germain (PSG) et aurait même déjà
passé la visite médicale , préalable indispensable au transfert , dans
la ville de Porto au Portugal . Ce scénario inimaginable et dit
impossible dans un passé encore très récent est sur le point de se
réaliser et ce pour plusieurs raisons notamment sportive (le PSG
n'ayant visiblement pas le même niveau que le Football Club Barcelone
- Club auquel appartient jusqu'alors le joueur - en témoigne sa
piteuse élimination , en huitième de finale de la Ligue des Champions
, par ce dernier il y a quelques quatre mois sur le score de 6-1 au
match retour , après une brillante victoire 4-0 , alors même qu'une
défaite sur le score de 5-1 les qualifiait) mais aussi et surtout
financière .
Cela ne fait pas l'ombre d'un doute , le PSG version Qatarie a les
moyens financiers pour s'offrir tous les joueurs qu'il veut . La
raison financière qui rendait ce transfert improbable aux yeux du
monde n'est donc pas une incapacité financière du Club , le PSG , à
débourser le montant qu'il faut pour s'attacher les services du joueur
. Cette raison financière était le fair-play financie. Mais alors
, le fair-play financier , qu'est ce ?


Initié par Michel PLATINI , ancien Président de l'Union des

Associations Européennes de Football (UEFA) , approuvé à l'unanimité

par le Comité Exécutif de l'UEFA en 2009 et appliqué depuis 2011 , le
fair-play financier est une règle qui vise à assurer que les Clubs qui
participent aux compétitions de l'UEFA que sont la Ligue des Champions
(communément appelée la C1) et la Ligue Europa (communément appelée la
C3) ne s'endettent pas auprès d'autres Clubs et/ou auprès de leurs
propres joueurs et/ou agents . A cela s'ajoute depuis 2013 le
principe de l'équilibre financier qui est le plus en vogue
actuellement et auquel on réduit finalement (à tort ?) la règle du
fair-play financier . Ce principe est simple : les Clubs ne doivent
pas dépenser d'argent plus qu'ils n'en gagnent . Cependant , une
marge de 30 à 40 voire 45 millions d'euros de déficit est accordée aux
Clubs . Ainsi donc , pour exemple , un Club qui gagne 150 millions
d'euros sur une saison ne peut pas se permettre de dépenser plus de
180 millions d'euros pour le compte de la saison qui suit (soit les
150 millions d'euros de bénéfice qu'il s'est fait plus les 30 millions
d'euros de marge de déficit dont il dispose) .


Contrairement à ce qu'elles peuvent laisser croire , ces différentes

règles ne sont pas prévues contre les Clubs mais dans leurs intérêts ,

 l'objectif étant d'éviter qu'ils fassent faillite et qu'ils soient obligés 
 de disparaître .



Cette règle du fair-play financier éclairci , retour maintenant à ce qui était jusqu'à récemment considéré comme étant impossible : le transfert de Neymar au PSG .

Le Club franco-qatari a fait , pour le compte de l'exercice 2015-2016

, un bénéfice de 521 millions d'euros mais il a supporté en même
temps , au cours du dernier exercice 2016-2017 , une masse salariale
de 255 millions d'euros . Ainsi , sans compter les arrivées qu'il a
déjà enregistrées cet Été qui vont hausser sa masse salariale , le
PSG ne peut pas se permettre de dépenser plus de 296 millions d'euros
supplémentaires pour le compte de la nouvelle saison sauf à vendre à
de belles sommes certains de ses joueurs pour ainsi enregistrer une
rentrée d'argent et aussi réduire de quelques millions d'euros sa
masse salariale . Ceci leur permettrait d'augmenter la marge de
dépenses dont ils pourront disposer .


Alors , d'où viennent les 296 millions d'euros de dépenses qu'ils ne

peuvent pas excéder ? C'est simple . Avec un bénéfice avoisinant les

521 millions d'euros , ils peuvent dépenser , en plus de la marge de
30 millions d'euros de déficit qui est reconnue aux Clubs , 551
millions d'euros . Sauf que la masse salariale du Club est déjà de 255
millions d'euros sans compter les nouvelles arrivées (principalement
celles de Yuri Berkiche et de Dani Alves sans compter que 16 millions

d'euros , c'est ce que le Club a dû dépenser pour faire venir le

premier) qui ont dû la faire augmenter . Ainsi donc , la masse

salariale 255 millions d'euros déduite des 551 millions de dépenses
maximales que peut se permettre le Club , il ne reste plus qu'une
marge de 296 millions d'euros . Sauf que Neymar devrait leur coûter
352 millions d'euros . Cette opération , si elle est réalisée par le
Club le conduirait à violer le principe de l'équilibre financier
expliqué plus haut . S'il s'en rend coupable , le PSG risque
différents types de sanctions dont les plus lourdes sont , dans son
cas , l'exclusion de futures compétitions de l'UEFA et il semble
logique qu'il n'y a pas d'intérêt à dépenser des centaines de millions
d'euros sur un seul joueur pour ne finalement jouer que ...la Ligue
1 . Cependant , le PSG veut quand même s'attacher les services du
joueur qui est finalement d'accord pour les rejoindre . C'est alors
que les montages financiers vont entrer en jeu .


Avant de parler de ce montage financier qui rend finalement ce

transfert possible , il convient de faire un détour par une expression

qu'on a dû écouter et réécouter , lire et relire , voir et revoir ces
derniers jours : la clause libératoire .


Certains fans du FC Barcelone et amoureux du beau jeu s'interrogent :

pourquoi le FC Barcelone laisse t'il  Neymar partir ? Chers fans ,

chers amoureux du beau jeu , il arrive ces cas où le Club ne peut que

se résoudre à voir son joueur partir .

Lors de la signature des contrats de joueurs ou du renouvellement des

contrats , il est généralement inséré dans ces derniers une clause
dite libératoire . La clause libératoire est cette clause par
laquelle le Club définit lors de la conclusion du contrat ou du
renouvellement du contrat du joueur le montant dont devra s'acquitter
le joueur lui-même ou un autre Club s'il souhaitait s'attacher les
services du joueur avant l'expiration de son contrat . S'agissant de
Neymar , le montant de sa clause libératoire a été fixée à 222
millions d'euros . C'est donc ce montant que devra payer tout Club
intéressé par le joueur avant la fin de son contrat .
Si la clause libératoire vise plus à protéger les Clubs auxquels
appartiennent les joueurs , elle met également à leur charge une
obligation : celle de laisser partir le joueur si tel est son souhait
et que sa clause libératoire a été versée .



Alors , comment Paris SG est il arrivé à réussir son paris ?



Encore une fois , le PSG ne peut plus excéder 296 millions de dépenses

supplémentaires or il lui faudra débourser au total 352 millions d'euros pour

avoir Neymar .



Le Qatar au secours !



Le joueur intéresse au point où le Qatar , l'État , s'y mêle

(indirectement) . L'État du Qatar a décidé de conclure avec Neymar un

contrat de publicité pour lequel Neymar touchera 300 millions d'euros
. Ce n'est pas un secret . L'objectif est clair . Si le PSG ne peut
pas faire venir Neymar , Neymar peut , lui , aller au PSG . Il lui
faut juste payer sa propre clause libératoire et c'est ce que les 300
millions d'euros qu'il touchera pour le compte du contrat publicitaire
lui permettront de faire . Malin , non ?
Le fair-play financier a été ainsi contourné et c'est là où se pose le
problème . On se demande (à raison) , si le fair-play financier fait
finalement vraiment peur aux Clubs . Oui , cette règle fait peur , en
témoignent les montages financiers auxquels les Clubs recourent
finalement . En revanche , la question de son efficacité reste posée .


Beaucoup ne le savent peut-être pas mais il y a quelques jours ,

l'international Espagnol Vitolo qui était sous contrat avec le FC

Séville a pu s'engager avec un autre Club d'une autre capitale , cette
fois-ci espagnole , l'Atlético Madrid , alors même que pesait sur ce
dernier une interdiction de recruter . La méthode à laquelle a recouru
l'Atlético Madrid est tout simplement ingénieuse . Le Club verse au
joueur une somme comprise entre 35 et 40 millions d'euros avec
laquelle le joueur paye au FC Séville sa clause libératoire . Le
scénario ne s'arrête pas là . Désormais libre de tout contrat , le
joueur , Vitolo , rejoint son Club formateur , Las Palmas avec lequel
il évoluera jusqu'en Janvier 2018 , moment où l'interdiction de
recruter de l'Atlético Madrid sera levée et ainsi , Vitolo pourra
rejoindre l'autre Club de la capitale espagnole . Vous avez dit
interdiction de recruter ?




Tous ces derniers événements appellent les instances dirigeantes de

l'UEFA à revoir cette règle du fair-play financier et le principe de

l'équilibre financier afin de les rendre beaucoup plus efficaces .




Blaise Ablam DOKOU

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